La question du logement social à La Réunion fait débat. Entre une demande en forte croissance et une gestion désormais centralisée par l’État, les collectivités locales se retrouvent privées de leviers d’action. Vincent Defaud, référent Outre-Mer & Réunion de Génération Écologie, alerte sur une situation préoccupante et plaide pour une reprise en main par les élus locaux.
Depuis plusieurs années, l’État a renforcé son contrôle sur les principaux bailleurs sociaux de l’île. “Les maires de droite, ceux de la macronie et leurs syndicats (l’Association des maires et le Département de La Réunion) ont accueilli avec enthousiasme le rachat des sociétés des bailleurs sociaux de l’île par l’État via la CDC Habitat, opérateur du logement social de la Caisse des Dépôts et Consignations, organisme étatique collecteur du Livret A, à partir de 2018 et Action Logement, collecteur unique du 1 % logement, à partir de 2021”, dénonce Vincent Defaud.
Ainsi, des acteurs majeurs comme la SIDR, la SEMADER, la SODIAC, la SEMAC ou encore la SHLMR sont désormais sous la tutelle de la haute administration de l’État. Résultat : “Les élus locaux sont privés de toute influence sur ces structures essentielles”, poursuit-il.
Une situation qui alimente les tensions
Cette centralisation suscite des crispations, aussi bien chez les élus que parmi la population. “Nos maires sont soumis à la pression d’administrés refusant l’accueil de personnes d’autres communes sur leur territoire. La population de nos quartiers est elle-même en attente de logements et ceci depuis des années pour certaines demandes”, souligne-t-il.
Face à l’augmentation de la demande, certaines municipalités adoptent un discours plus radical. “Ce n’est pas une table ronde avec la préfecture ou la menace – illégale - d’un maire de refuser de délivrer les permis de construire de résidences sociales qui résoudront la question de l’attribution des logements sociaux à La Réunion”, estime l’ancien conseiller municipal de L’Étang-Salé.
Pour lui, ce glissement vers des positions populistes s’explique par “l’incompétence des maires, qui se sont laissés piéger par la politique de recentralisation du logement menée par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017”.
Reprendre le contrôle du logement social
Selon Vincent Defaud, la solution passe par un rééquilibrage des compétences. “Seule une négociation ferme entre les dirigeants politiques locaux et le gouvernement pourra permettre de redéfinir les compétences en matière de logement et de foncier pour notre territoire”, affirme-t-il.
Le militant écologiste estime qu’un changement de leadership municipal est nécessaire. “Il est temps de choisir de nouveaux dirigeants municipaux capables de mener des négociations fermes avec l’État afin de reprendre le contrôle de la politique du logement social et de l’aménagement du territoire à La Réunion”, insiste-t-il.
Derrière cet enjeu politique et administratif se joue également une question identitaire. “L’objectif est aussi de préserver notre identité créole réunionnaise, fondée sur le vivre-ensemble et la solidarité”, conclut-il.
Alors que les tensions autour du logement social ne cessent de croître, le débat sur une souveraineté foncière réunionnaise est plus que jamais relancé.
Memento.fr
à partir de 3,00€ par mois
pour un accès intégral au site et à nos services
0 COMMENTAIRE(S)