L’Autorité des marchés financiers (AMF) a annoncé jeudi des sanctions financières totalisant 4,1 millions d’euros contre plusieurs entités et individus impliqués dans une affaire de manipulation de cours et de diffusion d’informations trompeuses autour d’un projet d’usine aurifère lié à une mine d’or en Guyane.
La Commission des sanctions a prononcé des amendes “comprises entre 50.000 et 300.000 euros” à l’encontre de la société minière Auplata, de son ancien PDG Didier Tamagno et de son commissaire aux comptes, selon un communiqué publié jeudi. Par ailleurs, des pénalités “entre 1.000.000 et 1.500.000 euros” ont été imposées au fonds d’investissement EHGOS, à sa société mère Alpha Blue Ocean et à son fondateur Pierre Vannineuse, accusés de manipulations de cours sur les actions d’Auplata.
Ces sanctions dépassent les 3,7 millions d’euros initialement requis par le collège de l’AMF lors de l’audience tenue en septembre dernier.
Une clause opaque dans le montage financier
En 2017, Auplata avait contracté un prêt de 60 millions d’euros auprès du fonds EHGOS pour financer un projet aurifère à Dieu-Merci, en Guyane. Ce prêt reposait sur des obligations convertibles, permettant à Auplata de rembourser en actions nouvelles ou existantes. Cependant, la société n’a jamais informé publiquement les investisseurs de l’existence d’une clause autorisant les créanciers à recevoir davantage d’actions si la valeur boursière tombait en dessous du capital social de l’entreprise.
Cette clause a été activée à plusieurs reprises, entraînant la création de nouvelles actions, diluant ainsi la valeur des titres sur le marché au détriment des actionnaires, lesquels n’ont jamais été informés de ce mécanisme. Selon l’AMF, “en ne décrivant pas le mécanisme de cette clause”, Auplata a “diffusé des informations fausses ou trompeuses”.
Des engagements non respectés
Le fonds EHGOS avait également promis de limiter la vente des actions obtenues via ce contrat afin d’éviter une chute brutale des cours en Bourse. Cet engagement n’a pas été respecté, et les marchés n’ont pas été informés, ce qui a conduit l’AMF à qualifier ce comportement de “manipulation de cours caractérisée”.
Enfin, le commissaire aux comptes d’Auplata a certifié les bilans financiers sans signaler les irrégularités, justifiant ainsi une sanction pour “diffusion d’informations fausses ou trompeuses”.
Cette affaire illustre l’importance de la transparence dans les marchés financiers et rappelle la vigilance nécessaire pour protéger les investisseurs contre des pratiques susceptibles de nuire à la confiance dans les institutions financières.
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