Dans un bar clairsemé à Nouméa ou sur une terrasse bondée à Papeete, la demi-finale des qualifications océaniennes pour la Coupe du monde 2026 a fait vibrer à sa manière les deux territoires. Les Cagous calédoniens, victorieux 3-0, veulent croire à une première participation historique.
Désormais c’est la Nouvelle-Zélande qui se dresse sur le chemin vers le Mondial. En cas de défaite probable lundi chez les favoris néo-zélandais à 19h00 locales (07h00 à Paris), il restera encore un tournoi de barrage intercontinental pour rêver.
En attendant, il n’y a pas eu à Nouméa de klaxons ni de marée humaine en rouge et bleu. Pourtant, les Cagous - un oiseau emblématique de Nouvelle-Calédonie - ont frappé fort. Vendredi à 13H10 locales, l’heure inhabituelle du coup d’envoi, les locaux amateurs de foot restaient rivés à leurs écrans, entre deux réunions ou dossiers urgents.
Le Sportsbar, dans les quartiers sud du chef-lieu de l’archipel, accueillait une quinzaine de fidèles. Des familles, quelques curieux et des passionnés.
“Ce match, c’est une opportunité incroyable pour la Nouvelle-Calédonie”, souligne Léo Lopez, sélectionneur des U17 calédoniens venu regarder le match.
La première demi-heure n’est pas facile. Les Calédoniens, pas favoris face à des Tahitiens un peu plus habitués à affronter de grosses nations, semblent empruntés. “On sent bien que les joueurs sont tendus par l’enjeu”, reprend Léo Lopez sans quitter l’écran du regard.
Dans ce duel fraternel face aux Tao Aito (Guerriers de fer) tahitiens, aucune animosité. Calédoniens et Polynésiens sont proches, de nombreux Polynésiens vivent en Nouvelle-Calédonie et inversement.
• Déception à Tahiti -
Le sublime 2e but de Georges Gope-Fenepej, l’ancien professionnel passé par Amiens ou Le Mans, libère la salle. “C’était important d’être là pour montrer que malgré les difficultés et les exactions, on peut s’en sortir”, s’enthousiasme Andres Sidaner, 15 ans, joueur de l’AS Lössi, un club de Nouméa.
Car derrière l’exploit sportif, une résilience collective. Le football calédonien a souffert de l’insurrection qui a secoué l’archipel en 2024, provoquant l’arrêt du championnat local, où évolue une partie de la sélection.
Ambiance contraire à Papeete, où la déception dominait. Magie du décalage horaire, le match se jouait jeudi à 16H10. Un rendez-vous si important que la chaîne locale, TNTV, avait prévu de décaler son journal télévisé en cas de prolongation, une première en 25 ans d’existence.
Car le football est “le sport phare” dans l’archipel polynésien, expliquait avant le match Jérôme Milin, le directeur d’exploitation des Trois Brasseurs, un des plus gros bars de Papeete.
“Il y a plus une tendance foot que rugby en Polynésie (…) donc même si on diffuse du sport en continu, c’est surtout du foot”, ajoutait-il.
Dans les têtes, beaucoup rêvaient de reproduire l’exploit de 2012. Vainqueur de la Coupe d’Océanie, Tahiti avait gagné le droit de participer à la Coupe des Confédérations 2013, conclue par trois lourdes défaites contre l’Espagne, le Nigeria et l’Uruguay.
À la mi-temps, le score nul entretenait l’espoir. Mais les Cagous ont éteint les chants.
Mathurin DEREL, avec Mike LEYRAL à Papeete
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