Les récifs coralliens réunionnais sont confrontés depuis fin janvier à un épisode sévère de blanchissement lié aux fortes températures océaniques, phénomène qui s'est intensifié jusqu'à fin mars 2025. Selon les premiers résultats d'une étude pilotée par l’État, l'Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens) et la Réserve naturelle marine, "environ 60 % du recouvrement corallien est actuellement affecté", mais la mortalité reste encore faible à ce stade, "avec seulement 3 % de colonies mortes".
L'étude, la plus importante jamais menée sur l'île, couvre l'ensemble des récifs frangeants, notamment Grand-Bois, Grande-Anse, ainsi que les platiers coralliens (lagons) et les pentes externes. Les données révèlent que "les pentes externes sont les plus sévèrement touchées, avec près de 78 % du recouvrement corallien affecté", contre 54 % pour les platiers. Parmi les zones particulièrement vulnérables figurent "les récifs de Saint-Gilles (76 % de blanchissement) et ceux de Grand-Bois et de Grande-Anse, dont les pentes externes affichent un blanchissement record de 92 %". À l'inverse, le récif de l’Étang-Salé semble légèrement épargné avec un taux d'affectation d'environ 40 %. Les Acropores, coraux essentiels pour la biodiversité, comptent parmi les espèces les plus impactées.
À ces pressions climatiques s’ajoute l’impact du cyclone Garance, qui a frappé l'île le 28 février dernier. Les importantes précipitations ont provoqué "un apport massif d'eau douce, de déchets, de terres et de polluants vers les récifs, formant parfois des dépôts allant jusqu'à 40 cm d’épaisseur". En raison d'une faible houle durant et après l'événement cyclonique, ces sédiments n’ont toujours pas été évacués, augmentant ainsi le risque de mortalité des colonies déjà fragilisées par le blanchissement.
La situation actuelle met en lumière l'urgence d’agir. Les spécialistes rappellent que la gestion de l’aménagement du littoral et des bassins versants doit être optimisée pour limiter ces phénomènes. Des initiatives, comme "la convention de partenariat signée entre l’État, le Département, le Territoire de l’Ouest et la commune de Saint-Leu", sont à poursuivre pour réduire les risques d’érosion.
La dégradation des récifs pourrait aussi avoir des conséquences économiques importantes pour La Réunion. Selon l’Ifrecor, "les services rendus par les récifs coralliens réunionnais sont estimés à environ 49 millions d’euros par an", couvrant des domaines tels que la pêche, le tourisme et la protection naturelle contre les risques côtiers.
memento.fr
à partir de 3,00€ par mois
pour un accès intégral au site et à nos services
0 COMMENTAIRE(S)