Une Franco-Comorienne, arrêtée pour des accusations de "diffusion de fausses nouvelles, atteinte à l'image" d'un proche du président Azali Assoumani et "discrédit sur les institutions", a été placée en détention mardi à Moroni, a-t-on appris auprès de son avocat et de sa famille.
L'opposante Said Said Fatima, 54 ans, a été interpelée le 23 juillet à la suite d'une plainte du directeur de cabinet du président chargé de la Défense, Youssoufa Mohamed Ali. Le journal d'Etat Al-Watwan évoque la publication d'une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux fin janvier, dans laquelle cette mère de quatre enfants se serait livrée à "un réquisitoire sans concession contre le plaignant".
Contacté par l'AFP, Me Djamal El-dine Bacar, l'avocat de l'accusée estime que "les charges retenues, exagérées, ne justifient pas sa mise en détention provisoire".
Le parquet n'a pas donné suite aux appels de l'AFP. Said Said Fatima, qui vit à la Réunion, a passé une semaine entière à la gendarmerie, a précisé son avocat, alors que le délai légal d'une garde à vue est de 24 heures, renouvelable une fois.
"Bien que la procédure soit viciée, nous continuons à faire confiance à la justice", a-t-il déclaré. La porte-parole du gouvernement, Fatima Ahamada, a déclaré à Al-Watwan que "c'est à la justice de trancher, nous n'intervenons pas dans les affaires judiciaires". Elle a cependant ajouté que le gouvernement était "solidaire" de Youssoufa Mohamed Ali, qui est aussi le secrétaire général du parti au pouvoir.
"Le mental de mon épouse est bon, seulement elle est de santé fragile", s'est inquiété auprès de l'AFP son époux, Nourdine Mohamed, précisant qu'elle s'occupe d'enfants placés à la Réunion, notamment d'enfants malades et sans-papiers évacués de Mayotte.
L'ambassade de France à Moroni, interrogée par l'AFP, a déclaré que "s'agissant d'une ressortissante française qui est détenue, la France exerce la protection consulaire dans le respect de la souveraineté comorienne". Dans sa vidéo, l'accusée promettait qu'elle ne cesserait de s'en prendre au directeur de cabinet de "la dictature d'Azali Assoumani" qu'elle accuse d'atrocités".
Elle ajoutait: "Je viendrai aux Comores en juillet et quand j'y serai, il faut procéder à mon arrestation mais vous ne me faites pas peur". La militante fait partie des nombreux Comoriens de la diaspora qui contestent la réélection d'Azali Assoumani en janvier pour un quatrième mandat. Le chef de l'Etat dirige d'une main de fer ce petit archipel pauvre de l'océan Indien, qui compte 870.000 habitants.
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